Le 16 octobre 2019

Le Lac de Haute Mayenne fait l’objet d’un plan de gestion porté par le Conseil départemental depuis 2008, aujourd’hui constitué de 40 actions pour répondre aux enjeux de qualité de l’eau, de sédimentation, d’érosion, de qualité piscicole, de biodiversité, de tourisme en s’inscrivant dans une démarche de concertation des acteurs. Le Lac est stratégique pour le soutien d’étiage de la rivière la Mayenne première ressource d’eau potable du territoire. La retenue et son bassin versant ont été identifiés dans le SDAGE Loire-Bretagne (disposition 3B1) comme un territoire où des actions sont nécessaires pour réduire l’érosion et les transferts de phosphore.

En lien avec ce classement, le Conseil départemental de la Mayenne a réalisé en 2018-2019 une étude globale à l’échelle du bassin du Lac de Haute Mayenne afin de quantifier les sources de phosphore, identifier les sous-bassins les plus contributeurs et cibler les actions prioritaires dans l’objectif de :

  • garantir une qualité et une quantité d’eau compatible avec l’usage eau potable et au soutien d’étiage,
  • limiter l’envasement du lac,
  • améliorer les paramètres de qualité d’eau.

Cette étude a été confiée au bureau d’étude Interfaces et Gradients, spécialisé dans l’étude des phénomènes d’eutrophisation des rivières et des plans d’eau du Grand Ouest.

Cette démarche a permis l’identification des bassins versants les plus contributeurs et la quantification, par sous bassins des principales sources de phosphore au travers d’une analyse de contexte, des sources de phosphore et de la qualité de l’eau sur une douzaine de sous-bassins versants.

Afin de préciser ce diagnostic et d’initier une gouvernance de bassin autour de la problématique érosion, le Conseil départemental prévoit 5 études détaillées de sous-bassins versants dans un objectif d’identification d’actions à conduire contre l’érosion et le transfert de phosphore vers les cours d’eau, en lien avec les acteurs du territoire en vue de leur intégration aux éventuels futurs contrats territoriaux. La 1ère étude vient d’être lancée en 2019 sur le bassin de la Colmont en collaboration avec le SENOM (syndicat d’eau du nord-ouest mayennais) et la communauté de communes du bocage mayennais, qui portent respectivement les programmes « pollutions diffuses » et « milieux aquatiques ».

Synthèse des résultats de l’étude

Pour rappel, le bassin d’alimentation du Lac de haute Mayenne est de 1 820 km² (211 communes et 3 départements Mayenne, Orne et Manche). La retenue s’étend sur 123 ha et est alimentée par 3 sous-bassins : celui de la Colmont, de la Varenne et de la Mayenne amont.

Le flux total de phosphore arrivant dans la retenue a été estimé à 72 tonnes par an (année hydrologique moyenne). La répartition des apports entre les sous-bassins est la suivante : 21 % proviennent de la Colmont, 32 % de la Varenne et 47 % de la Mayenne.

Les différentes sources de phosphore ont été étudiées :

  • Assainissement
    • L’assainissement des collectivités représente 10% des flux totaux
    • D’expérience dans ce type de contexte, les flux issus de l’assainissement individuel restent marginaux (études similaires menées par Interfaces et Gradients).
    • 7 industriels rejetant du phosphore ont été identifiés sur le bassin versant ; leur contribution reste marginale à l’échelle du bassin.
  • Profils agricoles des sous-bassins versants
    • Contraste important entre le nord du territoire plus herbager et forestier et le sud plus cultivé

Ensuite, les profils agricoles des sous-bassins versants ont été analysés en croisant les données d’occupation des sols ou encore de caractéristiques des systèmes d’élevage et de culture. Cela permis un classement des territoires en fonction du risque d’érosion potentielle. En conclusion, il apparait que la source principale de phosphore sur ce territoire est l’érosion des sols avec 3 sous-bassins plus contributeurs (en violet foncé sur la carte) : la Mayenne médiane, la Varenne aval et la Colmont aval.

Représentation cartographique du risque d’érosion potentielle à l’échelle des sous-bassins versants

 

S’agissant d’une étude globale menée à l’échelle de grands sous-bassins, des études complémentaires détaillées seront nécessaires afin de caractériser à une échelle plus fine (à la parcelle) le risque avéré d’érosion et d’identifier les facteurs aggravants et, ensuite, proposer un programme d’actions en concertation avec les acteurs concernés.

> En savoir plus : Conseil départemental de la Mayenne Direction du développement durable et de la mobilité – Alexis ROBERT (hydrogéologue) alexis.robert@lamayenne.fr ou 02.43.59.96.24